Pourquoi notre enfant dit-il des gros mots ?
… la première réponse est : par imitation bien sur ! Soit il nous imite, soit il imite les personnes de son entourage et il répète (souvent sans même comprendre le sens réel de ce qu’il répète).
Ce qui est intéressant, c’est qu’il se rend compte surtout que ce sont des mots utilisés (la grande majorité du temps) pour « souligner » une émotion (colère, stupéfaction, étonnement…) et le plus remarquable, c’est qu’il les utilise très souvent à bon escient : preuve qu’il en comprend bien l’intention, au delà du « gros mot ».
LORSQUE NOTRE ENFANT DIT DES GROS MOTS : COMMENT RÉAGIR ?
La première chose à faire serait de nous mêmes ne pas en dire.
Mais comme nous ne vivons pas dans un monde parfait, nous savons que cela reste compliqué.
Au delà de « donner l’exemple », Il y a plusieurs astuces pour réussir à « bannir » cette mauvaise habitude.
1- Déjà, nous mêmes, remplacer les gros mots par d’autres apostrophes
plus rigolotes (notre enfant se fera un plaisir de nous imiter):
- Saperlipopette de saperlipopette ! (celui là, les enfants l’adorent)
- Creugneugneu
- Purée de Pomme de terre (ici ça remplace le « putain » ! )
- Mer… credi ! ( ici le « merde »)
- Ce cornichon alors !
- Ah mais quel Pingouin !
… laissez libre cours à votre imagination.
Le plus drôle, quand on applique cette astuce, c’est qu’au final, nous mêmes nous prenons le pli… et en famille, ça donne des moments très cocasses.
2- La proposition de remplacer le gros mot par un autre mot.
Par exemple concrètement, ça donne:
Notre enfant vient de dire « mais c’est dégueulasse ça !!! ».
Sans vous énerver, vous lui dite « tu veux dire que ce n’est pas ta tasse de thé ? »
Et souvent il va répéter « oui ce n’est pas ma tasse de thé »… et recommencer, jusqu’à ce qu’il prenne l’habitude de dire le mot que vous préférez.
Si vous prenez un air choqué, si vous le grondez, ou même lui demandez de ne pas en dire, il y a de grandes chances pour que ça ne fonctionne pas: et qu’au contraire même, il vous provoque et en dise davantage.
Lui interdire d’en dire, si nous mêmes nous en disons, ça n’a pas de sens, et c’est surtout incohérent et un manque de congruence. Notre enfant nous observe bien plus qu’il ne nous écoute.
3- Une autre astuce qui fonctionne bien pour les enfants un peu plus grands
( et si votre enfant dit des gros mots parce qu’il a besoin de sortir une colère quelconque), c’est de créer des « quarts d’heure gros mots ».
Lui donner un espace temporel pour qu’il puisse décharger, et crier toute sa colère (par exemple sur une injustice vécue, une personne qui le contrarie fortement…) et lui dire :
« Aller, pendant 15 mn (et vous verrez que c’est très long, jamais les enfants ne vont jusqu’au bout de ce quart d’heure), dit tous les gros mots que tu veux, autant que tu veux, tous ceux que tu connais, aussi fort que tu veux ».
Quand il s’essouffle (et en général, il s’essouffle assez vite), vous l’encouragez davantage:
– « Alors ? C’est terminé ? Allez continue ! J’ai pas tout entendu ! Tu ne connais que ça ? » … et vous pouvez même rentre dans le jeu en en disant vous mêmes.
S’il n’a pas l’habitude de vous entendre en rire, ça risque non seulement le stupéfier, mais en plus le faire énormément rire.
Cet « exercice » se termine souvent en fou rire parce qu’au final, il n’a pas tant de mots/vocabulaire à sortir et le fait d’avoir le droit de les dire, ça enlève une grande partie du « plaisir » de l’interdit.
Si l’enfant va dans cet espace pour décharger, c’est qu’il en a un réel besoin… et ça permet de donner un espace de liberté et de parole, et de « canaliser » les envies de jurer en dehors de cet espace là.
4- L’idéal étant, après ce quart d’heure, de poser les mots sur les maux et de verbaliser l’émotion de façon constructive:
poser les bons mots, nommer l’émotion, le ressenti, le besoin derrière…
Passé ce quart d’heure, l’essentiel est de « construire » sa pensée autour de l’émotion vécue et de la comprendre, l’apprivoiser et d’apprendre à l’appréhender pleinement la fois suivante.
Cette astuce permettra au fur et à mesure que notre enfant grandira à ne plus avoir besoin de ce moment de décharge et de passer directement à l’étape « verbalisation », sans l’étape « gros mots ».
Si votre enfant jure anormalement, si vous avez le sentiment qu’il ne se canalise pas, malgré certaines astuces mises en place, n’hésitez pas à consulter afin de voir si ce comportement n’est pas le signe de difficultés plus importantes.
Magali Dumez